8. Paroles de spectateurs

Ce que les témoignages recueillis par Laurence Petit-Jouvet montrent avec le plus de force, c’est combien l’assignation ethnoraciale pèse sur celles et ceux qui se voient ainsi réduits à leur origine et leur apparence, telle cette actrice française d’origine japonaise à qui l’on confie le doublage des rôles de personnages asiatiques en lui demandant de mettre un peu d’accent dans sa diction pour ressembler à ce qu’on veut qu’elle soit, tel cet homme d’origine srilankaise élevé dans une famille de la grande bourgeoisie française à qui les policiers rappellent qui il est, à leurs yeux, en le contrôlant sans raison et en le fouillant illégalement, plaqué contre un mur au vu et au su des passants. Victimes de racialisation ou de discrimination, porteurs pourtant d’une aspiration universaliste, ces témoins demandent simplement qu’on les traite comme tout le monde et qu’on en finisse avec cette ligne de couleur dont le grand sociologue noir W. E. B. Du Bois dénonçait déjà les ravages, il y a plus d’un siècle, aux Etats-Unis – une ligne de couleur qui donne son titre à ce film exigeant.                                                                             Didier Fassin, professeur à l’Institut d’étude avancée de Princeton.

LA LIGNE DE COULEUR est un ovni qui vient de l’intérieur. Loin des injonctions sociologiques, on écoute 11 personnes singulières révéler l’ignorance, l’indifférence, la violence policée qu’une société blanche peut déployer à leur égard. Cette constante différence, comment l’oublier, la combattre ou la revendiquer, comment être soi-même au lieu de n’être que l’Autre ? Au bout du film, on a ces gens dans la peau. Dans leur peau de couleur. Christine Rodès, critique

Laurence, c’est très impressionnant, tu as choisi des gens qui tous parlent magnifiquement bien de leurs problèmes. Dès les premiers plans du film on est dans le sujet, avec ces vues sur les gens qui passent. Très bonne entrée en matière. Plus la musique juste de Martin Wheeler. Ensuite les mélanges entre entretiens directes et lettres lues fonctionnent très bien. Ça donne aux “informations” proprement dites, un maximum de densité et de précision. L’actrice d’origine japonaise est un personnage splendide. La lettre lue de l’adjoint au maire est très émouvante. Tous les personnages sont bien, bien choisis et ils disent tous des choses importantes.
Richard Dindo, cinéaste

Ce film est magnifique, juste, poignant et beau, bravo ! On en a vraiment besoin en ce moment, tout y est dit avec une telle justesse, c’est très touchant. Merci de l’avoir réalisé.                                                                               Rokhaya Diallo, auteure et journaliste

Plein de belles images à fleur de peau. Un film qui met la créativité au service de la raison, qui montre l’impact charnel des discriminations et la manière dont nos préjugés nous enferment et touchent les autres.                 Marie Rose Moro, pédopsychiatre chef de service de la Maison Solenn, Maison des adolescents de Cochin

Les acteurs/témoins sont sincères, profonds, généreux. Jamais plaintifs ni accusateurs, ils nous convient à leur vie intime et singulière et nous amènent doucement, et à tour de rôle, à réinterroger notre société française pétrie de grands principes et d’idéaux et pourtant encore si violente, clivante et « enfermante ». On ne ressort pas indemne.  Fondation Seligmann.

J’ai vraiment beaucoup aimé le film LA LIGNE DE COULEUR, très beau, très doux, très net. Mes enfants ont adoré la première séquence avec la petite fille qui se fait coiffer par sa mère, ils étaient subjugués !                      Pap Ndiaye, historien.

Belle oeuvre cinématographique, rythmée, construite, qui est en même temps un bel essai de science politique en cinéma. Onze personnes, françaises, vivantes, actives, très différentes, sont toutes l’objet d’un regard qui tend à les mettre à part dans notre société. Leur couleur de peau tend à les faire voir comme particulières, comme extérieures finalement à un corps social légitime. Quelque chose semble les rattacher inexorablement au statut des indigènes d’hier au temps des colonies, celui où la République enseignait dans ses écoles à distinguer les races humaines et à admettre leur hiérarchie.                                                                                                                           Gilles Manceron, historien.

 LA LIGNE DE COULEUR est un documentaire riche et complexe qui nous plonge dans l’intimité pudique mais assumée des personnes interrogées. L’ensemble des portraits réalisés de manière très juste constitue un large éventail permettant de couvrir plusieurs aspects du même questionnement: comment gérer la différence dans le contexte d’un idéal Républicain quotidiennement contredit par les pratiques? Ce documentaire est précieux, il faut le voir absolument.                                                                                                                         Maboula Soumahoro, Maître de Conférence.

Salle comble à la projection de La Ligne de couleur au cinéma Utopia de Bordeaux… Têtes de toutes les couleurs, des jeunes et des moins jeunes. Le débat s’est engagé paisiblement : des témoignages, des questions à la réalisatrice Laurence Petit Jouvet et aux deux animatrices. Des interventions pédagogiques aussi sur le sens et la portée des mots, surtout de celui si difficile à prononcer : race ! Elle n’existe pas certes, mais elle inflige des petites blessures, qui, accumulées, en deviennent de grandes. Peut-on devenir malade de subir le racisme ? a-t-on demandé. Les échanges se sont poursuivis dans la rue, évoquant l’émotion d’avoir vu de beaux portraits et des paroles, qui, que l’on soit noir ou blanc, parlent de notre France plurielle.

Docteur Claire Mestre, psychiatre et anthropologue

La Ligne de couleur, comme une idée légère qui passe, un air qui traverserait l’esprit. Puis on tire sur le fil comme on détricote un pull et très vite on atteint l’essentiel de l’humain.

Richard Morier, Le Cinéma Le Rio à Clermont-Ferrand

Magnifique soirée à l’Utopia Toulouse – La Ligne de couleur passe devant une salle pleine et suscite une longue discussion – jusqu’à minuit ou presque! – qui confirme à quel point ce film répond à un besoin d’écouter, de mieux comprendre, de nous rendre compte que cette ligne de couleur nous concerne tous. Le lendemain à l’université, très beaux retours d’étudiants qui étaient venus voir le film, émus de la toute-présence de la question de la couleur dans la vie de ceux qui sont confrontés aux regards des autres, les discussions suscitées la veille se sont encore longuement poursuivies…

Gésine Sturm, Maître de Conférences de Psychologie Interculturelle à l’Université Jean-Jaurès de Toulouse et psychologue clinicienne

Les beaux portraits ! Filmés tous avec grâce et tendresse, c’est émouvant et fort de capter leurs difficultés à être dans notre France d’aujourd’hui. C’est assez formidable de pouvoir contempler leurs visages aux traits multiples et variés. Je me suis retrouvée aussi.La difficulté d’être soi peut aussi m’interroger, comment être au plus près de soi, tout en voulant être regardé, reconnu, et échapper aux contrôles du regard, et du sentiment d’être parfois jugé. C’est magnifique et ils m’ont beaucoup touchée. La séquence d’ouverture mère et fille est sublime !

 Jocelyne Desverchère, cinéaste et comédienne

Film attachant, poignant, intelligent, réflexif, bouleversant et profondément contemporain.                              Olivier Mauvezin, ingénieur du son.

On se sent au plus près de ces personnes qui osent dévoiler leurs émotions dans ces écrits intimes et devant une caméra à la fois proche et respectueuse. Je n’ai d’ailleurs pas manquée d’être émue car ce sont ces ressentis qui m’ont donné la force et la motivation pour exercer en ZEP toute ma carrière.                                                   Christine  Fernandès, professeur.

J’aime beaucoup la façon dont la mise en scène fait à chaque fois un écrin nouveau à l’univers du personnage, son obstination, portrait après portrait, à braver tous les clichés, la singularité de chaque parcours, la profondeur de chaque parole. C’est un constat très dur sur notre société, mais filmé avec une infinie délicatesse. Il m’a touché aux larmes à plusieurs reprises.                                                                                                                                          Bénédicte Hazé, Déléguée adjointe à la SRF (Société des Réalisateurs de Films).

Une réflexion sur “8. Paroles de spectateurs

  1. zohra GUERRAOUI, Maître de conférences en psychologie interculturelle dit :

    Un super documentaire qui a su saisir la parole intime de chacun par rapport à cette question de l’image de soi, du regard de l’autre sur soi, de ce que chacun en fait pour avancer dans la vie. Une belle leçon de tolérance et d’espoir malgré la souffrance qui sourd dans chaque témoignage. Zohra Guerraoui, Maître de conférence en psychologie interculturelle, Université Toulouse 2 JJ

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